En résumé : Les attaques par ransomware explosent en France avec +255% d’augmentation depuis 2020. Ce guide complet vous explique concrètement comment un rançongiciel fonctionne, pourquoi les TPE sont particulièrement ciblées par les cybercriminels, et surtout comment mettre en place une protection efficace sans exploser votre budget. Découvrez la méthode terrain d’un expert qui accompagne les dirigeants face à cette menace croissante.
Hier matin, j’ai reçu un appel paniqué de Marie, dirigeante d’une petite menuiserie à Toulouse.
« Hugo, mon ordinateur affiche un message bizarre en anglais, et je ne peux plus ouvrir mes devis ! »
Ce « message bizarre », c’était le résultat d’une attaque par ransomware qui venait de paralyser son entreprise de 8 salariés. Malheureusement, l’histoire de Marie n’est pas unique. En tant que formateur BienveNum, j’accompagne régulièrement des entrepreneurs confrontés à cette réalité brutale.
En France, trois entreprises sur quatre ont déjà subi une attaque de ransomware. Pour les TPE et PME, c’est souvent un coup de massue qui peut remettre en question la survie même de l’entreprise.
Mais la bonne nouvelle ? Avec les bonnes pratiques et une approche pragmatique adaptée aux petites structures, vous pouvez considérablement réduire ce risque. Laissez-moi vous partager ce que j’ai appris sur le terrain.
Ce guide fait partie de notre guide complet cybersécurité qui couvre tous les aspects de la protection numérique pour les TPE et PME.
Table des matières
Qu’est-ce qu’un ransomware et comment fonctionne ce logiciel malveillant ?
La définition simple du rançongiciel ou ransomware
Un ransomware (ou « rançongiciel » en français), c’est un logiciel malveillant qui s’introduit dans vos systèmes informatiques pour :
- Chiffrer vos fichiers (les rendre illisibles)
- Bloquer l’accès à vos données critiques
- Réclamer une rançon pour vous « redonner » l’accès
Imaginez que quelqu’un rentre chez vous, met tous vos documents dans un coffre-fort dont vous n’avez pas la combinaison, et vous demande de payer pour l’avoir. C’est exactement le principe du ransomware, mais version numérique.
L’exemple concret de Marie : anatomie d’une attaque par rançongiciel
Revenons à Marie et sa menuiserie. Voici comment son attaque s’est déroulée :
Lundi 8h30 : Elle ouvre un email qui semble venir de son fournisseur de bois, avec une facture en pièce jointe 8h31 : En cliquant sur le fichier PDF, elle installe sans le savoir le ransomware
Mardi 6h00 : Le logiciel malveillant se déclenche (quand l’entreprise est fermée, pour maximiser les dégâts)
Mardi 8h15 : Marie découvre que tous les fichiers sont chiffrés et qu’on lui demande 2,500€ en BitcoinRésultat ? 3 jours d’arrêt complet, la perte de 2 semaines de devis, et finalement 4,800€ de coûts (expert, restauration, manque à gagner).
Pourquoi les cybercriminels ciblent-ils particulièrement les TPE ?
Les fausses croyances des dirigeants face aux ransomwares
Combien de fois j’ai entendu : « Hugo, on n’est qu’une petite boîte, qui voudrait s’attaquer à nous ? »
Cette pensée est dangereuse. Les cybercriminels préfèrent souvent cibler les TPE pour plusieurs raisons :
La vulnérabilité technique : Peu de budget cybersécurité, systèmes mal protégés La réactivité émotionnelle : Face au blocage, les dirigeants paient plus rapidement Le manque de sensibilisation : Équipes moins formées aux menaces L’effet volume : Mieux vaut 50 rançons de 2,000€ qu’une seule de 100,000€ difficile à obtenir
Les cibles privilégiées par les attaques de ransomwares
D’après mon expérience terrain et les chiffres de l’ANSSI :
- Commerce de proximité : 34% des attaques
- Artisanat et BTP : 28%
- Services aux entreprises : 22%
- Santé libérale : 16%
Ces secteurs cumulent vulnérabilités techniques ET dépendance critique aux données.
Comment une attaque par ransomware se déroule-t-elle étape par étape ?
Phase 1 : L’infiltration discrète du logiciel malveillant
Un ransomware ne surgit pas de nulle part. Il utilise des portes d’entrée classiques :
L’email piégé (70% des cas)
- Fausse facture de fournisseur
- Notification de colis en attente
- Message urgent d’un service public
Ces techniques de tromperie par email s’étendent aujourd’hui aux réseaux sociaux. Pour approfondir votre protection contre le phishing sur toutes les plateformes numériques, ces connaissances complémentaires sont essentielles.
Les accès distants mal sécurisés (20% des cas)
- Connexions RDP avec mots de passe faibles
- VPN d’entreprise mal configurés
- Télémaintenance insuffisamment protégée
Sites web compromis (10% des cas)
- Téléchargements suspects
- Publicités malveillantes
- Plugins non mis à jour
Phase 2 : La propagation silencieuse dans votre système informatique
Une fois dans votre système, le logiciel malveillant :
- Reconnaît votre réseau et identifier les machines connectées
- Élève ses privilèges pour accéder aux dossiers sensibles
- Désactive vos protections (antivirus, sauvegardes connectées)
- Se propage latéralement vers tous vos équipements
Cette phase peut durer plusieurs jours ou semaines sans que vous vous en aperceviez.
Phase 3 : L’exfiltration des données avant le chiffrement
Nouveauté des dernières années : avant de chiffrer, les cybercriminels volent vos données. Pourquoi ?
Pour ajouter un second moyen de pression : « Même si vous restaurez vos sauvegardes, on divulguera vos données clients si vous ne payez pas la rançon. »
Phase 4 : Le chiffrement et la demande de rançon
Généralement déclenché la nuit ou le weekend, le chiffrement :
- Rend illisibles tous les fichiers critiques
- Affiche un message de rançon sur tous vos écrans
- Exige un paiement sous 72h généralement
- Augmente le montant si vous tardez
Quelles sont les vraies conséquences d’une attaque ransomware pour une TPE ?
L’impact financier : bien au-delà de la rançon réclamée
Prenons l’exemple concret de Jean-Marc, plombier avec 5 salariés, victime en septembre dernier :
Coûts directs :
- Expert cybersécurité : 1,800€
- Reconstruction système : 1,200€
- Matériel de remplacement : 800€
- Total technique : 3,800€
Coûts indirects :
- 4 jours d’arrêt complet : 3,200€ de CA perdu
- Heures supplémentaires rattrapage : 1,600€
- Clients perdus (confiance) : 2,400€ estimés sur 6 mois
- Total business : 7,200€
Coût réel total : 11,000€ pour une entreprise qui réalise 180,000€ de CA annuel. Soit 6% de son chiffre d’affaires !
L’impact humain et réputationnel d’une attaque par rançongiciel
Ce qu’on mesure moins, c’est l’impact psychologique :
- Sentiment de violation : « Ils ont eu accès à tout »
- Perte de confiance : « Je ne maîtrise plus rien »
- Stress des équipes : Peur que ça recommence
- Relations clients tendues : Expliquer pourquoi le travail prend du retard
Marie, la menuisière, me confiait 2 mois après : « J’ai encore du mal à ouvrir mes emails sereinement. »
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Comment protéger efficacement votre TPE contre les ransomwares ?
Après des centaines d’accompagnements, trois priorités émergent systématiquement. Ces mesures s’inscrivent dans une approche globale que je détaille dans mon article sur les bonnes pratiques de cybersécurité essentielles pour toute TPE :
Étape 1 : Sécuriser la messagerie (priorité absolue contre les rançongiciels)
70% des attaques passent par email. C’est VOTRE priorité n°1.
Actions immédiates :
- Activez l’authentification à double facteur sur toutes vos boîtes mail
- Formez vos équipes : « En cas de doute, on appelle avant de cliquer »
- Installez une solution de filtrage adaptée TPE (je recommande souvent MailInBlack ou équivalent, comptez 15-25€/mois/utilisateur)
Le test que je fais faire : Envoyez un faux email piégé à vos équipes une fois par mois. Si quelqu’un clique, formation individuelle immédiate.
Étape 2 : Mettre en place des sauvegardes intelligentes
La règle 3-2-1 adaptée TPE :
- 3 copies de vos données critiques
- Sur 2 supports différents
- Dont 1 copie déconnectée (disque dur externe débranché)
Mon astuce pratique : Rotation hebdomadaire de 2 disques externes. Le lundi, je branche le disque A, je débranche le B. Le jeudi, inverse. Un disque est toujours « hors ligne ».
Budget réaliste : 150-300€ de matériel + 2h/semaine de routine = Protection inestimable
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Étape 3 : Mettez à jour systématiquement vos logiciels
Les cybercriminels exploitent les failles connues. Votre meilleure défense ? Appliquer les correctifs.
Ma check-list mensuelle :
- Windows Update : Activé et automatique
- Navigateurs : Chrome/Firefox/Edge toujours à jour
- Logiciels métiers : Vérifier les mises à jour disponibles
- Antivirus : Définitions actualisées quotidiennement
L’erreur fréquente : « On appliquera les mises à jour le mois prochain. » Entre temps, vous êtes vulnérable.
Identifier les signaux d’alerte d’un ransomware avant qu’il ne frappe
Les premiers signes d’une attaque en cours
Un ransomware ne chiffre pas instantanément. Voici les signaux d’alerte :
Signaux techniques :
- Ralentissements inexpliqués du réseau
- Activité disque intensive la nuit
- Fichiers avec extensions bizarres (.encrypted, .locked)
- Processus inconnus dans le gestionnaire de tâches
Signaux comportementaux :
- Emails suspects reçus par plusieurs collaborateurs
- Tentatives de connexion échouées répétées
- Modifications massives de fichiers
- Popups ou messages d’erreur inhabituels
Comment identifier les menaces par email
Les indicateurs d’un email malveillant :
- Expéditeur inconnu mais contexte familier (« votre fournisseur »)
- Urgence artificielle (« facture impayée », « compte suspendu »)
- Fichier joint inattendu ou lien raccourci
- Fautes d’orthographe ou français approximatif
- Demande d’informations confidentielles
Ma règle d’or : En cas de doute, appelez directement l’expéditeur supposé avec ses coordonnées habituelles (pas celles de l’email).
Que faire si vous êtes victime d’une attaque par ransomware ?
Les 10 premières minutes (critiques)
Si un ransomware a infecté votre système :
- NE PAS éteindre les machines infectées (preuves en mémoire)
- Débrancher immédiatement le réseau Internet (box, routeur)
- Débrancher les sauvegardes connectées (NAS, disques USB)
- Photographier les messages d’erreur avec votre smartphone
- Isoler les machines saines du réseau
- Appeler votre expert cyber ET votre assureur
- Prévenir vos équipes : « Procédure d’urgence, ne touchez à rien »
- Noter l’heure, les machines touchées, les premiers symptômes
Pourquoi ne jamais payer la rançon demandée
Les statistiques sont claires :
- Seulement 51% des victimes récupèrent leurs données après paiement de la rançon
- 80% des payeurs sont à nouveau attaqués dans l’année
- Vous financez l’écosystème criminel qui s’attaquera à d’autres
Les alternatives sont là :
- Sauvegardes bien faites = restauration possible
- Déchiffreurs gratuits disponibles pour de nombreux ransomwares
- L’assistance technique peut parfois récupérer des données
Mon conseil ferme : Investissez 500€ en prévention plutôt que 2,500€ en rançon qui ne garantit rien.
Déposer plainte et gérer les aspects légaux
L’obligation de déposer plainte rapidement
Démarches obligatoires :
- Déposer plainte dans les 48h si vous avez une cyber-assurance
- Notifier la CNIL sous 72h si données personnelles compromises
- Informer les personnes concernées si risque élevé
- Conserver toutes les preuves (captures, logs, fichiers chiffrés)

Quel accompagnement et assistance demander
Contacts essentiels :
- 17cyber.gouv.fr : Assistance gratuite de l’État
- Cybermalveillance.gouv.fr : Diagnostic et mise en relation
- Votre expert cyber local : Intervention technique
- Assureur cyber : Prise en charge financière partielle
Important : Ne tentez jamais de « nettoyer » seul avant l’intervention des experts. Vous risquez d’effacer des preuves cruciales.
Comment se reconstruire plus fort après une attaque
La reconstruction technique sécurisée
Phase 1 : Nettoyage complet
- Formatage de tous les systèmes compromis
- Réinstallation propre des OS et logiciels
- Restauration depuis des sauvegardes saines ET vérifiées
- Changement de tous les mots de passe
Phase 2 : Renforcement
- Application de tous les correctifs de sécurité
- Installation d’outils de détection renforcés
- Révision complète des accès et privilèges
- Tests de la nouvelle configuration
La reconstruction humaine et organisationnelle
Ne négligez pas l’aspect psychologique :
- Débriefing avec les équipes sur ce qui s’est passé
- Formation renforcée sur les leçons apprises
- Mise en place de nouveaux réflexes
- Suivi individuel si nécessaire
Marie me disait 6 mois après son attaque :
« Paradoxalement, on est maintenant mieux protégés qu’avant. Cette épreuve nous a obligés à être rigoureux. »
Pour les entreprises souhaitant approfondir leur compréhension des enjeux organisationnels et mettre en place une stratégie de protection plus large, je recommande la lecture de notre guide complet anti-ransomware qui aborde les aspects techniques et managériaux de la protection.
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RÉCAPITULATIF : LES 10 POINTS CLÉS
✅ PRÉVENTION IMMÉDIATE :
- Sécurisez votre messagerie – 70% des ransomwares arrivent par email
- Mettez en place des sauvegardes déconnectées – Votre assurance-vie numérique
- Mettez à jour tous vos logiciels – Colmater les failles exploitées
- Formez vos équipes – Votre meilleur système de détection humain
- Renforcez vos mots de passe – Première barrière contre l’intrusion
🚨 RÉACTION D’URGENCE :
- Isolez immédiatement – Débranchez Internet et sauvegardes
- Ne payez JAMAIS la rançon – Seulement 51% de récupération
- Conservez les preuves – Photos, logs, fichiers pour les enquêteurs
- Déposez plainte dans les 48h – Obligation légale et investigation
- Faites appel à des experts – Cybermalveillance.gouv.fr pour l’assistance gratuite
💡 BUDGET RÉALISTE TPE :
- Protection complète : 850-2,100€/an
- Coût moyen d’une attaque : 11,000€
- ROI évident : 5 à 13 fois moins cher de prévenir que de subir
Le ransomware n’est pas une fatalité pour les TPE. Avec de la méthode, du pragmatisme et les bonnes pratiques, vous pouvez considérablement réduire votre exposition. Les entreprises les mieux protégées ne sont pas forcément les plus grandes, mais les plus préparées.
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